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samedi 1 novembre 2014

« Ce n’est pas du papier que vous tenez entre les mains. C’est une vie. Ma vie. »

Animale

La Malédiction de boucle d’or


Victor Dixen

Nombre de page : 437
Prix : 17.90 €
Edition : Gallimard Jeunesse

Résumé

Et si le conte le plus innocent dissimulait l’histoire d’amour la plus terrifiante ?
1832. Blonde, dix-sept ans, est cloîtrée depuis toujours dans un couvent perdu au milieu des bois. Pourquoi les sœurs l’obligent-elles à couvrir ses cheveux d’or et à cacher sa beauté troublante derrière des lunettes sombres ? Qui sont ses parents, et que leur est-il arrivé ? Alors qu’elle s’enfuit pour remonter le fil du passé, Blonde se découvre un versant obscur, une part animale : il y a au cœur de son histoire un terrible secret.

Avis

« Elle se jeta sur son lit rouge, au milieu de ses draps rouges, et lorsqu’elle ferma les yeux elle vit avec horreur que l’intérieur de ses paupières était rouge également. »
J’avais envie de le lire ce livre, parce que les adaptations de conte m’ont toujours plut. Parce que mon âme d’enfant bercée par les contes voulait retrouver ses héroïnes d’antan, avec le goût de la modernité.

J’en ai eu pour mes frais.
« Le ciel gonflé de nuages avait déjà la couleur du linceul qui s’apprêtait à ensevelir ce qui restait de la Grande Armée, des dizaines de milliers d’hommes de toutes les nations d’Europe, rassemblés pour assouvir le rêve d’un seul d’entre eux. »
Dans ce livre, nous sommes bercés par des archives oubliés, liant le conte et son adaptation chimérique, qui tend ses ailes vers le réel, vers les rivages du possible dans une France à cheval entre la royauté et Napoléon.
« Depuis trois jours et trois nuits, on avait vu glisser sur les ponts des légions de spectres, guerriers transformés en vieillards par le froid qui ralenti tout, qui fige les membres et qui scelle les yeux. »
Pour la modernité, je repasserais.

Ce n’est pas plus mal finalement, ça lui donne une légitimité. A la fin du livre ont souhaiterais posé pied sur l’île-sans-nom, voir la beauté lumineuse des fleurs aux nectars de l’eau-lumière.

C’est l’histoire d’une histoire. C’est le récit de la muse qui a inspiré le fameux conte de Boucle d’Or et les trois Ours. C’est de l’histoire et de la mythologie. Ce sont des questions, de nombreuses remises en question sur la foi. Votre propre foi, si vous en avez. C’est également l’histoire d’une quête. Celle de la vérité, simple, crue. Les réponses qu’une orpheline cherche légitimement, quand le plus grand mystère de sa vie : c’est son passé, ses origines. Nous lisons le récit d’un destin incroyable et d’une histoire d’amour malgré tout en filigrane.

C’est également un hommage à un conte oublié. Celui d’une jeune fille aux cheveux dorés, perdue dans les bois à la recherche d’un peu de chaleur et de réconfort. Qui dans son désespoir trouve une chaumière qui abrite des créatures sauvages.

C’est un récit prenant, envoûtant dont on souhaite une fin heureuse. On envie le lien unique entre Sven et Gabrielle De Brances, tellement puissante, pure et éternelle. L’amour transcende les gens.
Le temps utiliser, les termes « vieillot » donne le ton, la consistance. Les recherches historiques, catholiques, Vikings donnent la profondeur. Il y a les âmes des personnages dans ces lignes. Il y a une ritournelle mélodieuse entre ces pages. Mais surtout dès les premières feuilles, c’est une invitation au voyage, on découvre la France, un bout du Danemark, les méandres de Rome.

« Il neigeait.Le front des cosaques épousa la masse des sacrifiés dans un frôlement étonnamment doux, étouffé par le coton du ciel et de la terre. Les sabres entrèrent sans un bruit dans leurs fourreaux de chair. Et puis soudain, le grondement retentit.Un grondement terrible, qui semblait monter du plus profond de cette vallée soûlée de trop de sang, engraissée de trop de cadavres.Un monstrueux borborygme, comme si les marécages gelés régurgitaient la Mort même, dont on les avait gavés de force.Les chevaux alentour se cabrèrent et désarçonnèrent leurs cavaliers. La terreur s’empara de ceux qui l’avaient semée. On vit un sabre fendre la brume avec la main qui y était encore cramponnée, mais sans le bras ni rien du corps auquel elle avait été arrachée. Puis ce fut une tête qui roula dans la neige, traçant un sillon pourpre aussitôt recouvert par les flocons. »


Après lecture, je peux dire que je suis… déçue de la fin. Soyons honnête, nous sommes entre nous, les fins ne sont jamais ce que l’on préfère mais celle-ci… Certes elle finit sur une note positive, mais, il y a comme un arrière-goût de trop peu. De question sans réponse. Je suis également outrée par ce qu’elle signifie. Par la réussite des hommes d’églises soi-disant éclairés, érudits, se gorgeant de la foi qui les enchaînent à la folie de la dévotion. Il y a une phrase du Diacre Ambrogio qui m’a interpellée page 350 « Mais savons-nous bien lire les Ecritures ? » Qui a dit qu’il était impossible de se tromper dans l’interprétation de la bible ? Hein ? Et finalement, à la fin de ce recueil, n’est-ce pas les autres les grands gagnants de cette histoire. Le comte de Valrémi continu de profiter de la fortune et de l’héritage de Gabrielle de Brances, l’avocat Ferrière d’après le peu qu’on sait n’est pas en taule et les hommes-ours qui ont dû survivre dès suite de l’incendie avec Gabrielle et Sven n’ont pas donné signe de vie. Blonde et Gaspard s’isolent sur l’Île-sans-nom, loin des autres et du monde. Vivre d’amour, d’eau fraîche et d’air pur, c’est bien beau, mais, il y a une marge.

L’ignorance est la mère de tous les mots.
Il m’est difficile de parler de ce livre sans en conter la fin, alors, je m'arrête là.











TenshinNeko,
Conquise mais en même temps déçut de la fin qui n’en est pas vraiment une. 
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